Sinistres les maisons de retraite?

Publié le 25 Avril 2014

Pendant les vacances, ma fille et moi sommes allées rendre visite à ma copine Berthe, oui, la Berthe de mon premier roman en personne!

Bientôt 97 bougies au compteur, des problèmes cardiaques et dans un fauteuil roulant... il devenait difficile de la maintenir à son domicile. Après une énième chute son fils, texan d'adoption, a pris la difficile décision de l'installer dans une maison de retraite.

C'était donc la première fois que nous allions la voir dans son nouveau chez-elle. J'avais prévenu ma fille que nous risquions de la trouver diminuée, que ce déménagement l'avait probablement choquée, que si elle se mettait à radoter il fallait le prendre avec le sourire et ne pas le lui faire remarquer... etc...

Quand nous sommes arrivées, j'avais la boule au ventre. La dame de l’accueil nous indiqua le chemin pour se rendre jusqu'à sa chambre située au rez-de-chaussée. Les couloirs s'enchaînaient, parsemés de petits vieux gagas installés au soleil le long des fenêtres, insensibles à notre passage.

- Maman, pourquoi n'y-a-t-il quasiment que des dames?

- Parce que nous sommes beaucoup plus résistantes ma chérie!

Arrivées devant sa porte mon angoisse était à son comble, j'avais tellement peur de ce que nous allions trouver derrière! Toc, toc... pas de réponse, mais bon, elle est de toute façon un peu sourde... J'ai poussé la porte et je l'ai vue de dos dans son fauteuil, comme prostrée devant sa fenêtre ... ma pire crainte s'était réalisée: ma Berthe était bel et bien devenue une gaga!

Ayant perçu notre présence elle s'est retournée et en nous reconnaissant, son visage s'est éclairé: Berthe was back! En l'embrassant, j'avais les larmes aux yeux.

Nous avons retrouvé notre amie et son inimitable sens de l'humour. Après s'être équipée de ses appareils auditifs, histoire de pouvoir communiquer avec nous, elle nous a fait pleurer de rire avec ses anecdotes sur ses copines de tablée que nous surnommerons " Cleptomamie" et Vulgamémé". Nous avons, comme toujours, passé en sa compagnie 1h30 très agréable.

Fidèle à ses bonnes manières, elle a tenu à nous raccompagner jusqu'à la sortie. Ma fille a insisté pour pousser le fauteuil. Au détour d'un couloir ce fut l'embouteillage de fauteuils! En plein milieu,un petit vieux probablement sénile, à l'abandon sur ses 4 roues, bloquait le passage. J'ai vu ma Berthe se transformer: le sourire coquin, le regard brillant, elle avait de nouveau dix ans et des ailes!

- Double-le! a-t-elle crié à ma fille

- Mais je ne peux pas Berthe

Effectivement, le couloir était trop étroit pour nous permettre de passer à côté de lui.

- Attends, j'ai une idée. Avance!

Obéissante, ma fille a avancé et Berthe a empoigné le fauteuil du papy.

- Il faut avancer! lui a-t-elle lancé en riant.

Médusée, et intérieurement morte de rire, j'ai regardé mon amie pousser pépé contre le mur l'air de rien. C'est à ce moment que nous avons croisé une infirmière qui nous a prise en flag...

- Mme L. vous êtes une sacrée coquine!

- Hé, on est sportif ou on ne l'est pas! lui a rétorqué ma Berthe sans se démonter.

Bref, cette visite nous a réchauffé le cœur, notre amie est bien traitée et continue à s'amuser de la vie, quelles que soient les circonstances. A 97 ans et après tout ce qu'elle a traversé, c'est tout simplement formidable!

Sinistres les maisons de retraite?

Rédigé par Nathalie Doassans

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